15 novembre 2016

Collecte de semences à la ferme dans l'est de l'Ontario

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C’est encore cette période de l’année où nous voyons deux dames revenir sur la route menant à notre ferme productrice d’œufs. Elles sont occupées à récolter les glands tombés des énormes chênes à gros fruits, dont les lourdes branches surplombent le chemin avoisinant. Ces dames, deux sœurs, sont Devra et Tamara Rayvals. Elles sont collectrices de semences.  D’ailleurs Devra est une collectrice certifiée de semences d’arbres et arbustes indigènes travaillant dans la région de l’est de l’Ontario. Quel emploi fascinant ! Notre ferme située dans cette région abrite deux chênes à gros fruits, vieux de 250 ans, qui leur fournit des trésors pour leurs récoltes.

La récolte de semences dans l’est de l’Ontario

À partir de la fin du printemps jusqu’à l’arrivée des premières neiges, Devra récoltera ses semences sans relâche. Ses employeurs sont des organismes formidables tels que « Ferguson Forest » à Kemptville en Ontario, le ministère des Ressources naturelles, « Trees Ontario », « Algonquin Forest Authority », et la Base des Forces canadiennes (BFC) de Petawawa.  Sa sœur Tamara vient l’aider lorsqu’elle est en congé de son emploi chez Kriska.  « L’air frais et l’exercice me font le plus grand bien ».

Préserver nos arbres indigènes

Toujours à la recherche d’arbres indigènes, matures et en santé, Devra parcourt les terres du domaine public, comme les cimetières et les parcs, ainsi que les terrains privés pour récolter ses semences.  Bon nombre de ces arbres sont d’origine locale, presque antérieurs aux colons, en particulier les chênes.  En juin, à l’aide de ses jumelles, elle peut ‘’ prédire ‘’ si les arbres lui fourniront ou non une récolte cette année.  La plupart des arbres mettent 3 à 7 ans à produire leurs semences.  Le pin rouge, lorsqu’il pousse en plantation contrôlée, met 25 ans avant de produire des semences et encore plus lorsqu’il pousse à l’état sauvage.  Les pins rouges et les pins blancs mettent deux années à produire des cônes.  Cette année, en 2015, ce sera une bonne année pour la récolte des cônes de pins rouges.  Comme les pins poussent parfaitement droit sur notre continent, ils sont très recherchés pour nos poteaux de téléphones ou ceux des lignes électriques. Quant aux pins sylvestres, ils poussent très droit en Écosse, mais sont moins heureux dans nos régions en raison de notre climat très différent. Sur la ferme, nous avons un des ormes les plus vieux toujours en pleine croissance.

Récolter les semences

Une fois les semences récoltées (les érables et les ormes au printemps, les conifères et les chênes à l’automne), elles doivent être triées et passées au test de l’eau, avant d’être envoyées aux compagnies sous-traitantes qui les utiliseront pour la reforestation ou la vente d’arbres indigènes (Ferguson Forest à Kemptville).

Autrefois, le gouvernement fédéral du Canada payait les colons pour qu’ils enlèvent les érables à sucre de leurs forêts, et les replantent ensuite aux bords des routes. L’objectif était de produire de l’ombre pour les chevaux circulant sur les routes.  Plusieurs endroits ont aussi été désignés comme zones d’abreuvement pour les chevaux.  C’était un rôle parfait pour les érables à sucre, car ils ne laissent pas tomber leurs glands  sur les routes à l’automne et ils peuvent être entaillés au printemps pour récolter leur sève et en faire du sirop d’érable.  Un organisme appelé « Maple Leaves Forever » se dévoue à repeupler le bord de nos routes rurales en Ontario avec ces érables à  sucre  emblématiques.  ( www.mapleleavesforever.com ).  Aujourd’hui, Devra et Tamara tirent parti de quelques arbres qui  longent le bord de la route, lesquels comprennent les chênes et les érables.

Pour ses récoltes, Devra couvre un très grand territoire commençant à l’ouest dans le comté de Prince Edward et allant ensuite jusqu’à Matawawa le long de la frontière entre le Québec et Ottawa. La région des « 1000 Islands » fait aussi partie de sa route. Le chêne à gros fruits (un parent du chêne blanc) est roi dans l’est de l’Ontario.  Le capuchon de son gland ressemble à la fleur du plant des bardanes indigènes.

Ce territoire comprend 5 zones de semences semblables aux zones de culture en agriculture. Devra y récolte plusieurs espèces de semences, telles que le chêne rouge, l’érable, le frêne, le pin rouge et le pin blanc, ainsi que le pin rigide, qui pousse seulement dans les « 1000 Islands » et au « Blue Montain » et ses alentours, près du lac Charleston.

La région de l’est de l’Ontario offre plusieurs forêts tout à fait uniques où Devra est autorisée à faire ses récoltes. Dans cette région, près de Kemptville, se cache une de ces forêts uniques, soit une forêt modèle fonctionnelle soutenue par sa propre association ( www.eomf.on.ca ). Ce véritable modèle  est reconnu mondialement.   La récolte de semences a lieu dans le Parc Algonquin, où les semences d’arbres locaux ont été utilisées pour la reforestation.  Devra procède à sa récolte près d’Arnprior, sur la « Gilles Tract », partie intégrante d’une très ancienne forêt où cette ville toujours prospère aujourd’hui a été construite. Mais de tous les endroits fréquentés par Devra, le plus impressionnant est la Base des Forces canadiennes (BFC) de Petawawa. Malheureusement, elle n’y va que très rarement.  Elle doit y emprunter un sentier de « Munitions explosives non explosées », s’enregistrer avant d’entrer dans cette forêt expérimentale de 10 000 acres, ne pas s’écarter des endroits qui lui ont été indiqués, et s’enregistrer de nouveau en quittant les lieux.  Le plus beau dans tout ça ?  Elle effectue sa récolte sur les bords de la rivière Ottawa, un endroit qu’elle et les résidents du BFC sont les seuls à pouvoir admirer.

Les Fermes Burnbrae sont fières de leurs arbres séculaires

Étant donné la saisonnalité du travail de récolte de semences, il est important d’avoir une bonne mémoire pour se rappeler l’emplacement des arbres utiles. Mais Devra doit aussi avoir une grande connaissance de la biologie et de la reproduction des espèces forestières, ainsi qu’une excellente connaissance des us et coutumes des habitants des forêts qu’elle visite. Cela lui permet d’avoir une armée d’animaux qui l’aident à faire ses récoltes, année après année.  Comme certaines familles d’écureuils qui récoltent les cônes des pins rouges et les échangent ensuite contre des graines de tournesol ou des surplus de glands que Devra leur laisse en paiement de leur ‘’ contribution ‘’.  Devra est en totale communion avec la nature tout au long de ses journées.  Nous participons fièrement à ce programme grâce aux arbres séculaires qui poussent sur les terres des Fermes Burnbrae.